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La Totale

**Partenariat La Totale x Jeunes Critiques d’Art¨¨

Il ne faut pas se fier aux apparences. L’esthétique colorée, séduisante, au kitsch assumé et amusé du travail de Léo Luccioni est un leurre. Indéniablement, ses oeuvres sont pleines d’humour, absurde souvent, acide parfois. L’artiste use de la parodie, du pastiche, de la contrefaçon ou de la copie, autant de procédés qui d’abord amusent, puis dérangent. Que ce soient ses dessins, à la technique parfaitement maîtrisée, ses installations décalées, la sculpture ou la gravure, les oeuvres de Léo Luccioni n’ont de cesse d’interroger les mécanismes consuméristes de notre société, et la place des artistes - lui compris - en ce qu’ils sont eux-mêmes acteurs et consommateurs. L’artiste dessine, reproduit, récupère et met en scène des objets symboles de la production de masse. Omniprésents dans notre environnement matériel et visuel quotidien, ces objets n’ont plus de valeur aujourd’hui que leur usage. Comme cette épée à cocktail fluo, initialement petit accessoire d’un goût discutable utilisé pour les apéritifs. Surdimensionnée, isolée, dressée là, l’épée revêt alors une dimension mythique, du fait même de son auteur, celle de l’artefact magique et légendaire, Excalibur. Les oeuvres de Léo Luccioni proposées pour La Totale deviennent les éléments de décor d’une parodie légendaire, d’un mythe vacillant et absurde, dont ne subsisteraient que les accessoires. Prêtez d’ailleurs attention à ses titres, ils sont autant d’indices de la double lecture de ses oeuvres. Les objets triviaux, banals, jetables, qui peuplent l’oeuvre de Léo Luccioni sont volontairement chargés d’une autre symbolique, tout aussi ambiguë et problématique. Celle du mythe, du précieux, du sacré. De l’unique, de l’oeuvre d’art. Tania Hautin-Trémolières, Octobre 2020